Mobilités en Occitanie - Intervention de Christian DUPRAZ - Assemblée Plénière du 16 novembre 2018

Je tiens à souligner la poésie de l'intitulé de la SPL du Tarn, "D'un point à l'autre"... Oui, très belle métaphore pour exprimer ce besoin de déplacement que nous partageons tous.

Mais vous le savez, les prix des carburants sont devenus un poste majeur de dépense pour tous les propriétaires de véhicules thermiques, et pour tous les exploitants de réseaux de transports publics. Tous sont impactés. Tous le seront de plus en plus, comme ceux de la SPL du Tarn.

Nous ne pouvons pas sous-estimer les difficultés que cela induit pour nos concitoyens, et particulièrement pour tous ceux qui n'ont pas le choix. Je veux ici évoquer les habitants des zones rurales, qui ne disposent pas, en général, d'alternatives.

 

C'est pourquoi nous devons proposer un plan d'action pour aider la mobilité dans les zones rurales. Mais ce plan ne doit pas être fondé sur des subventions à l'achat des carburants. De telles aides enferment les usagers dans un cercle vicieux et ruineraient notre capacité à investir dans les transports collectifs propres du futur. C'est pourquoi demain nous ne porterons pas de gilets jaunes, mais des gilets verts, pour marquer notre détermination à proposer des solutions écologiques à la crise engendrée par la hausse du coût des carburants.

Nous devons distinguer clairement les automobilistes qui, par leur profession, par leur éloignement des réseaux de transports collectifs, ou tout simplement par la nature de leur travail, ne peuvent pas se passer de leur voiture ou utilitaire, parce qu'ils font des trajets longs et quotidiens ou qu'ils doivent transporter du matériel professionnel. Mais tous ne sont pas dans ce cas ; vous avez peut-être vu cet interview au journal de France 2 mardi soir d'une automobiliste alerte qui revendiquait le droit de prendre sa voiture pour faire les 800 mètres qui la séparent des commerces de son village. Cette usagère garde sa liberté, mais ce serait indécent de l'encourager dans son aveuglement.

Il nous faut donc imaginer comment améliorer les mobilités douces en milieu rural aussi. Des initiatives apparaissent partout. Le maintien des petites lignes ferroviaires, le développement du TAD, des réseaux de covoiturage, et désormais des solutions de court-voiturage, cette nouvelle organisation des transports en zone rurale, basée sur des technologies d'intelligence artificielle qui permettent de transformer les véhicules individuels en réseaux de transports collectifs.

Et bien entendu aussi des aides à l'achat de véhicules propres, et même des aides à l'achat de vélos électriques. Car le vélo électrique n'est pas réservé qu'aux zones urbaines. Je voudrais saluer ici cette enseignante qui habite à Roquevidal, une petite commune du Tarn, et qui, tous les jours va enseigner au lycée de Lavaur, à 11 km, en vélo électrique. Malgré des côtes sérieuses (il y a 200 m de dénivelé positif sur le trajet), mais finalement en un temps et un effort physique raisonnable grâce à l'assistance électrique, environ 40 minutes. Cela semblait impossible? Son exemple est en train de faire des émules! Tous les jours, cette citoyenne fait avancer la région vers son autonomie énergétique.

Madame la Présidente, en conclusion nous vous proposons d'inclure au menu de l'AP que nous devrions consacrer en 2019 aux transports un volet d'aide à la mobilité contrainte en milieu rural, qui devra cibler les aides en fonctions des contraintes réelles que subissent nos administrés, et être conditionné à des critères géographiques et sociaux.