Charte Territoire Sans Perturbateurs Endocriniens - Intervention d'Aurélie GENOLHER (3 minutes)

Tout d’abord, je tiens à souligner l'importance de ce rapport et le symbole qu'il représente pour notre Région quelques jours après que l’Assemblée nationale ait décidé de revenir sur une mesure majeure de la loi Agriculture et Alimentation (Egalim), promulguée en novembre dernier, qui prévoyait l'interdiction en 2022 de la production, du stockage et de la vente de produits phytopharmaceutiques destinés à des pays tiers et contenant des substances prohibées par l'Union européenne, l'interdiction ayant été repoussée à 2025.

Une décision qui allonge la circulation de pesticides et l’exposition de la population, ainsi que de la biodiversité à des "produits phytopharmaceutiques (PPP) contenant des substances non approuvées pour des raisons de santé ou d'environnement", comme le précisait la loi Egalim votée en novembre 2018.

 

 

Un rappel sur ceux que sont les perturbateurs endocriniens. Ce sont des substances chimiques qui interfèrent avec l’ensemble des organes et tissus qui sécrètent des hormones et engendrent des dysfonctionnements au niveau de la croissance, du développement, du comportement ou encore des fonctions reproductrices. Ils sont présents dans de nombreux objets de notre vie quotidienne : plastiques, pesticides, conserves, aliments, tickets de caisse…. Bisphénols, phtalates, parabens, retardateurs de flamme, pesticides, ils impactent à la fois la santé humaine mais aussi l’environnement.

 

Dans cette intervention, je voudrais penser à Paul François, agriculteur céréalier travaillant en Charente et atteint en 2004 d’une intoxication aiguë violente suite à la manipulation d’un herbicide, le Lasso, commercialisé par la firme Monsanto. En 2005, on lui diagnostique une tumeur de la thyroïde. Mais il faudra attendre cinq ans pour que son cancer soit reconnu maladie professionnelle.

 

Il nous rappelle que dans les années 1980, on avait plus de 900 molécules à disposition dans un catalogue. Et souvent dans un produit, il y avait encore 7 % de la composition du produit qui était non connu. Cela représente 12 substances susceptibles d’être nocives. Les perturbateurs endocriniens ont un effet différé, ce sont de vraies bombes à retardement, dont il a fait les frais!

 

Je pense à Paul François mais aussi à mes collègues paysans, à ceux qui ont cru en un système qui les a rendu malades et à ceux qui, comme mon père, dernièrement me rappelait passer en tracteur sous les pêchers sans aucune protection en me précisant qu'à l'époque on ne savait pas et que surtout on ne pensait pas à la dangerosité de ces produits.

 

Aujourd'hui, on sait et c'est pour cela qu'en tant qu’écologistes, nous demandons depuis de nombreuses années que face au doute le principe de précaution s’impose aux pouvoirs publics. Je profite de ce rapport pour souligner l’importance des lanceurs d’alerte dans l’ensemble de ces dossiers et nous devrons être vigilants sur la protection de ces femmes et de ces hommes, de ces militant.es face à des lobbies souvent très et trop puissants.

 

La réduction de l’exposition de la population et de l’environnement aux perturbateurs endocriniens est un réel défi. Le temps presse et nous sommes tous et toutes exposés, et je ne parlerai pas en détail ici de notre exposition au glyphosate. Madame La Présidente, dans le milieu agricole, parler des problèmes de santé est tabou c'est pourquoi dans le plan d'actions développé suite à cette charte, il sera important de mettre en avant la prévention et la formation en particulier des jeunes agriculteurs sur cette question- là.

 

Nous souscrivons pleinement à la signature par notre Région de la Charte des Territoires sans Perturbateurs Endocriniens tout en ayant conscience que seuls, nous ne ferons pas de l’Occitanie un territoire vertueux sur ce plan. Tous les acteurs locaux publics et privés doivent prendre leur part face à ce défi pour la santé publique et l’environnement et nous devrons y veiller dans le plan d'actions qui découlera de cette charte avant la fin de l'année 2019.

 

Rapport ADOPTE

150 POUR

1 ABSTENTION