Plusieurs études ou rapports récents nous alertent : 58 % des espèces vertébrées ont disparu en 40 ans ! Parmi les 177 espèces de mammifères scrutées dans un rapport du PNAS quasiment tous ont perdu au moins 30 % de leur aire de répartition historique depuis 1900 et 40 % en ont perdu plus de 80 %.
Notre rôle est donc de tout mettre en œuvre pour préserver la biodiversité et notamment dans le cas présent le Loup en France.
Pour les élus.es écologistes que nous sommes, le loup n’est pas un problème.
Si le loup constitue un ennemi pratique, la réalité est tout autre : les attaques de loups (quelques milliers d’animaux tués) représentent une goutte d’eau pour un cheptel français de neuf millions de têtes (soit moins de 0,1% des effectifs tués par le loup). Surtout, les maladies, les chiens errants, les décrochements ou la foudre tuent bien plus que le loup : environ 400 000 bêtes meurent ainsi chaque année.
Il existe des solutions pour prévenir et réduire les attaques sur les troupeaux : clôtures électriques pour regroupement des troupeaux, chiens de protection, présence d’un berger… La priorité de l’État devrait aller dans le sens de l’aide aux exploitants.es et non dans celle d’une lutte contre un prédateur qui concentre craintes et haines d’une profession qui souffre.
Il est inopérant de vouloir créer des zones d'exclusion des loups (vieille idée toujours abandonnée) qui ne peut conduire - en plus d'une totale inefficacité - qu'à la logique de création de zones d'exclusion… du pastoralisme, du tourisme, de la chasse, des activités humaines… bref, une logique corporatiste.
Il faut :
- prendre des mesures de prévention permettant d’anticiper la venue du loup sur les territoires qu’il ne colonise pas encore : formation, mise en place de dispositifs de protection…
- mettre en commun et diffuser les résultats, positifs ou négatifs des expériences de prévention et de protection des troupeaux menées dans divers contextes, en France et à l’étranger (le regroupement nocturne, les parcs électrifiés, la présence humaine et celle des chiens patous…) afin de définir les meilleures techniques susceptibles de mettre un terme à l’accroissement des attaques et des pertes et bénéficier d’une palette d’outils adaptées aux différentes situations rencontrées.
- accroitre les connaissances sur le loup permettant de mieux comprendre son comportement afin d’augmenter l’efficacité des mesures propres à diminuer les attaques ou du moins à augmenter le taux d’échec de celles-ci. Il est aussi nécessaire de mieux comprendre son impact sur les écosystèmes afin d’adopter, si nécessaire, une gestion différenciée selon les spécificités locales.
- favoriser la diffusion des informations et le partage des expériences entre bergers et spécialistes du loup (chercheurs, naturalistes…) et de mettre en place un espace de collaboration entre toutes les parties prenantes afin qu’elles œuvrent ensemble à la diminution des épisodes de prédation sur les troupeaux. Les mesures non létales seront privilégiées, ainsi que les techniques visant à permettre un conditionnement des meutes afin que celles-ci ne recourent qu’exceptionnellement aux troupeaux domestiques (présence suffisante d’ongulés sauvages, marquage de territoires, capturer-relâcher, puçage…). Le tir de défense ne peut intervenir qu’en dernier recours, pour protéger les troupeaux lors d’une attaque.
- que les acteurs du pastoralisme doivent être mieux épaulés par l’Etat afin de limiter les effets préjudiciables des attaques sur un plan psychologique et humain, économique et social; une politique de coexistence doit associer les représentants de la protection des espèces et les syndicats ou organisations représentatives de la filière ovine.
- que les actions politiques de soutien à la filière ovine, notamment celles visant à renforcer les moyens humains tels que le soutien à l’emploi d’aides-bergers afin d’assurer une meilleure protection des troupeaux et de prévenir les attaques, soient pérennisées.
Nous rappelons ici notre totale solidarité avec la filière ovine dans sa détresse face aux attaques qu’elle subit. Le pastoralisme, activité présente dans l’arc méditerranéen depuis des millénaires, aussi bien dans les espaces montagnards alpins que dans les plaines et collines méditerranéennes, doit pouvoir être soutenu, valorisé et se perpétuer, tant qu’il ne détériore pas les écosystèmes, dans des conditions acceptables par les personnes qui le pratiquent.
Mais nous rappelons également que le loup doit demeurer une espèce strictement protégée. La population, qui n’atteindrait pas encore 300 individus, reste fragile et ne survivrait pas à un déclassement. Nous sommes opposés.ées aux tirs de prélèvements, qui ont montré leur inefficacité à diminuer les attaques sur les troupeaux, qu’ils contribueraient, au contraire, à multiplier, en désorganisant les meutes.
Fatma Adda
François Arcangeli
Marie-France Barthet
Zina Bourguet
Guillaume Cros
Christian Dupraz
Aurélie Génolher
Agnès Langevine
Gérard Onesta
Romain Pagnoux
Patric Roux
Véronique Vinet
Kathy Wersinger